Paroles d’experts – Emmanuel Bavière, Technology advisor chez Société Générale

Emmanuel a commencé sa carrière chez Apple en 1991. Il a ensuite travaillé pour le Boston Consulting Group, à la fois pour l’IT interne et pour le compte de clients média / télécom externes. Il a assisté en 2000 à l’avènement de l’e-commerce, moment à partir duquel les consultants ont dû apprendre à parler aux directeurs informatiques ou techniques et non plus seulement aux présidents des entreprises ou à leurs managers. Il a enfin rejoint la Société Générale en 2006, où il est passé successivement par des postes d’IT, d’innovation, de service client et où il officie aujourd’hui en tant que Technology advisor pour accompagner la transformation digitale.

Emmanuel, à quel besoin pensez-vous qu’une formation comme celle proposée par Epitech Digital vient répondre ?

Depuis environ cinq ans, on a passé un seuil de maturité des technologies qui permet à tous les métiers de s’approprier, jusqu’à un certain point, les compétences techniques. Les technologies ne sont plus seulement l’apanage de certains experts, elles sont accessibles et compréhensibles par tous. Il existait avant une logique de dépendance vis-à-vis de l’IT et des développeurs qui est clairement en train de disparaître. Il y a encore cette logique presque régalienne de l’IT en ce qui concerne la gestion des postes de travail, du cloud, de la sécurité, mais pour tout le reste, il a été approprié par l’ensemble des métiers. On peut même dire qu’à Société Générale, avant nous étions une banque qui utilisait de l’IT, maintenant nous sommes plutôt une boîte d’IT qui fait de la banque. Si on résume, je pense donc que le développement de formations transverses comme celle que propose Epitech Digital permettra à ses étudiants de s’assurer qu’il existe bien cet alignement crucial entre les technologies et les usages.

Vous diriez donc qu’il y a moins d’oppositions métiers / usages et que les profils fusionnent de plus en plus, tout comme les besoins et le quotidien en entreprise qui semblent aujourd’hui beaucoup plus « mélangés » ?

Absolument, et je pense qu’il ne faut pas se leurrer, les gens qui sont dans le métier depuis vingt ans mettent moins de temps à intégrer les nouvelles technologies que ceux qui sont dans l’IT ne prennent à intégrer les problématiques métiers. Souvent ces problématiques sont mieux portées par les gens du métier qui, et c’est encore plus valable pour les nouvelles générations, ont une capacité à intégrer les nouvelles technologies qui est assez forte.

Il n’y a donc plus lieu de considérer qu’il y a une chasse gardée de l’un et de l’autre, c’est un vrai partenariat de transformation. C’est pour cette raison que l’on a besoin de formations transverses comme celle d’Epitech Digital. Les anglo-saxons ont atténué cette frontière depuis longtemps, en France c’est beaucoup moins le cas, on oppose encore assez facilement de manière bicéphale les formations « ingénieurs » avec les cursus business. C’est pourquoi il me semble judicieux qu’Epitech Digital se pose cette question en évitant de formater les jeunes mais choisisse plutôt de couvrir l’aspect marketing pour les nouvelles technologies et l’aspect digital pour le business. Cela donne plus de liberté et offre un équilibre qui est clé.

Selon vous, quel type de profils recherche-t-on pour faire de la transformation digitale ?

On attend des profils avec d’excellentes bases solides, des fondamentaux sur lesquels ils puissent s’asseoir. Viennent ensuite la curiosité, l’adaptabilité, mais qui n’ont de sens et ne sont valables que s’ils maîtrisent ces bases. L’anticipation, la faculté à toujours penser au coup d’après, constitue également une grande qualité dans notre environnement en perpétuelle mutation.

Aujourd’hui on est face à deux mondes, l’un plutôt drivé par de la techno et l’autre plutôt par du business, et une fois qu’on a développé des compétences dans ces deux univers, il est intéressant pour ces profils de voir comment ils peuvent les faire travailler ensemble. Le fine tuning de l’enseignement c’est d’être capable d’ouvrir les portes et de faire des ponts, ce qui en plus est assez gratifiant intellectuellement. Ne pas être formaté dans une seule logique, comme la logique de développement informatique par exemple, mais considérer que cette expertise n’est que le premier pas vers d’autres débouchés. On vous amène à devenir un expert en entreprise, tout en gardant cette capacité à vous ouvrir l’esprit. Ce que l’on constate aujourd’hui dans les statistiques est un rapport de 80% de hard skills et 20% de soft skills, mais demain on sera plutôt dans la logique inverse. Ce qui veut dire que les étudiants qui acquièrent une capacité à présenter, à former, à acculturer, à embarquer… deviendront les leaders de demain.

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