« La musique partout, le concert nulle part. ». Cette phrase, prononcée par Maurice Fleuret, fait de nouveau écho aujourd’hui. Avec la situations actuelle, des solutions doivent être trouvées pour innover sur des événements tels que la fête de la musique. Intervenante professionnelle de l’école, Nour Ezzedeen a interrogé nos étudiants 1ère année du MBA Manager des Stratégies Digitales sur l’évolution de cet événement populaire dans un avenir proche. A quelques heures de l’événement, elle revient sur cette problématique innovante qui sera très certainement dans les nouvelles stratégies digitales des organisations.
1 – Peux-tu nous parler de la problématique imposée il y a quelques semaines à nos étudiants de MBA1?
Nour Ezzedeen : La musique partout, le concert nulle part. » annonça Maurice Fleuret, du Ministère de la Culture, à l’occasion de la toute 1ère édition de la Fête De La Musique, le 21 juin 1982. Partant de cette vision, on a demandé aux étudiants de concevoir la digitalisation complète de la Fête De La Musique pour l’édition 2020. Il s’agissait de réaliser une stratégie globale et transversale, accessible au grand public et aux musiciens.
L’essentiel était de retrouver les aspects et animations de la Fête De La Musique sur la sphère digitale. Les étudiants devaient collaborer en mode « agile », pour rendre leur projet au bout de 5 jours de travail.
2 – Quels sont les critères importants et à respecter de ce projet?
N.E : Sur le plan des fonctionnalités et des caractéristiques, la réflexion s’est concentrée autour de la création de contenus innovants et de leur diffusion. L’enjeu est d’exploiter pleinement la carte du digital en imaginant des expériences de performance en immersion via la réalité augmentée, la réalité virtuelle et la 3D. Tout est exploitable pour satisfaire les envies des « petits » musiciens comme ceux des « grands », et des festivaliers de tous âges.
C’est essentiel de comprendre la nature des différents livrables à concevoir entre la stratégie et sa mise en application au travers de scénarios d’expérience utilisateur sans couture avec des wireframes claires.
Au niveau social, comme il s’agit d’une manifestation culturelle publique, nous avons développé des fonctionnalités pour les enfants, les seniors, les personnes à mobilité réduite, les handicapés, les personnes n’ayant pas d’ordinateur ni de smartphone… Grâce au digital, nous avons également réfléchi sur les façons de rapprocher les festivaliers entre eux, mais aussi exploré la relation festivalier-musicien et leur donner aussi l’occasion de se « connecter » entre eux.
3 – Qu’as-tu pensé des projets développés par les étudiants?
N.E : J’ai suivi chaque équipe de près et voir leurs idées se compiler, se compléter au fur et à mesure dans une même vision, était très étonnant. Ils n’ont pas seulement innové et rempli le cahier des charges mais aussi démontré une grande sensibilité et bienveillance face aux questions sociétales. L’une des équipes avait proposé un partenariat avec l’Institut Pasteur afin de financer les recherches de vaccin contre le COVID-19.
Les rôles et les tâches ont été répartis de façon naturelle et spontanée. Ils ont mis en place un système de collaboration, étaient à l’écoute et en mode « co-création ». Ils ont super bien maîtrisé les temps impartis.
Les étudiants du MBA Manager des Stratégies Digitales que j’ai pu coacher avaient un sens d’humour piquant, ça fait vraiment plaisir de voir que c’est réellement possible de travailler sous pression et dans la bonne humeur à la fois !
4 – Pourquoi est-ce important d’enseigner cette thématique?
N.E : Avec le confinement, on s’est tous rués sur Internet, les marques ont dû trouver des systèmes D pour continuer à communiquer et les entreprises se sont adaptées avec le télé-travail. Bonjour la saturation des contenus ! La stratégie digitale d’une marque ou d’une entreprise nécessite d’être structurée de façon solide, de s’inscrire dans sa stratégie business, pas seulement pour rassurer les internautes mais aussi de proposer des expériences réellement créatives, variées et porteuses de sens pour se différencier. Cela demande de la créativité, de la R&D, du budget, une synergie de talents différents et de l’ingéniosité. Le levier, qui a mon sens primera, est celui de la transparence, valeur sûre pour une image de marque pérenne.
5 – En tant que professionnel, as-tu déjà développé des projets d’événements à digitaliser? Est-ce une pratique nouvelle?
N.E : J’ai suivi le concert de Travis Scott sur Fortnite, celui de Lady Gaga, les live streams, les events privés pratiqués dans les milieux du luxe et tellement d’autres. En tant que spécialiste en mark’com de marque sur le digital j’ai suivi toutes ces manifestations de très près et réalisé mon propre « best-of » pour la prochaine occasion qui se présentera. En ce moment, je travaille sur un événement live sur Instagram pour l’une de mes marques, qui compte plus de 30 000 followers organiques, répartis entre les Etats-Unis, L’Amérique Latine, L’Europe, le Moyen-Orient et l’Australie.
L’engouement envers les événements sur le digital est très récent surtout pour les marques. On a vu les fêtes et apéros digitaux apparaître avec les applis comme Houseparty et Zoom, mais la pratique en elle-même n’est pas si nouvelle que ça. Il y a toute une population de « Digital Nomads » qui a déjà adopté ce mode de vie, qui travaille à distance, qui échange avec amis et familles à l’autre bout de la planète.
6 – Penses-tu que les événements digitalisés seront de plus en plus courant dans les années à venir?
N.E : Pour les entreprises, il s’agit d’inclure les événements digitalisés dans une stratégie structurée en fonction d’une identité et non pas d’une tendance. Certaines marques ont su prendre le virage en faisant preuve de créativité et en créant la surprise auprès de leurs clients, d’autres se sont complètement renfermées. Là, il y a un véritable train à prendre. Comment une marque peut-elle s’exprimer en dehors de son périmètre habituel via l’événementiel digital ? Une nouvelle forme de communication se dessine !
Pour le grand public, je trouve qu’il y a un avantage particulier pour les personnes à mobilité réduite. Pourvu qu’elles soient équipées d’un ordinateur ou d’un smartphone et les voilà propulsées dans un autre environnement. Cela me touche de voir comment le digital peut avoir un impact positif, aussi, aller à la rencontre de l’autre qui se trouve à des milliers de kilomètres pour partager la même expérience. Clairement, ça fait tomber les barrières pour créer des nouvelles opportunités émergeantes.
Crédit Photo de l’article : daniel-gzz @danielgzz90