Joël Bentolila : « Il faut choisir quelqu’un qui va savoir apprendre »

Joël Bentolila est le Chief Technology Officer et co-fondateur de Talentsoft , une entreprise d’applications Cloud de gestion des talents et de formation. Dans cette interview, il nous explique en quoi les soft skills sont devenues essentielles dans le monde du travail. 

Joël a cofondé Talentsoft et en est aujourd’hui le CTO. Il est ingénieur de formation, et a complété ce cursus par de la recherche aux Etats-Unis dans un laboratoire d’intelligence artificielle. Il a débuté son parcours professionnel dans une ESN (Entreprise de Services du Numérique) puis chez de grands éditeurs américains. Son profil très complet s’oriente autour des domaines du software, de l’intégration système et de la technologie.

Comment avez-vous décidé de co-fonder Talentsoft ?

Vers la quarantaine, je me suis posé la question que beaucoup de gens peuvent se poser à cette période charnière de leur vie professionnelle. J’avais une situation confortable, je travaillais sur des projets intéressants, mais j’avais aussi envie de continuer à m’amuser pendant les vingt années à venir ! J’ai eu de la chance car il y a eu à ce moment-là une bonne conjonction de rencontres, avec Jean-Stéphane, le CEO de Talentsoft, et Alexandre, Chief Product Officer. Nous avions à la fois des compétences complémentaires et des envies très alignées.

Le SaaS et le Cloud commençaient tout juste à émerger à cette époque-là ; et en parallèle, apparaissait dans les directions RH le souhait d’avoir un outil pour mieux connaître les collaborateurs. La fonction RH abordait un tournant en devenant plus stratégique et non plus uniquement opérationnelle car axée sur la paie, les arrivées et les départs… Notre fenêtre d’opportunités a été de combiner nos compétences, c’est à dire à la fois de développer du business, et d’être spécialiste de la technologie et de la RH, grâce à ce marché qui émergeait. Nous avons donc choisi de créer des outils pour dématérialiser les processus RH, et les rendre plus efficaces.

Comment a ensuite évolué Talentsoft ?

Très vite, nous sommes allés bien au-delà de l’efficience des process, pour nous intéresser à la stratégie, et à l’aide à la transformation des entreprises via la RH. Le monde dans lequel nous vivons bouge et se transforme très rapidement, et nos clients doivent s’adapter en permanence à ces modifications de marché et de besoins, qui impactent directement leurs ressources humaines, à la fois en termes de recrutement mais aussi sur la façon dont les gens travaillent. Nous les y aidons en étant leur partenaire de transformation RH, elle-même vecteur de transformation des entreprises.

Quel est l’enjeu de Talentsoft aujourd’hui ?

Notre question principale c’est comment aider nos clients à se transformer ? Comment la RH agit pour opérer les transformations ? Nous nous chargeons d’identifier les jobs qui changent, et d’aider à la re-formation des personnes à l’intérieur de l’entreprise. La formation et la re-formation sont primordiales pour ajouter de nouvelles compétences à des profils existants.

« Il faut se former en permanence et pour cela identifier en amont où et qui il faut former. De nouveaux jobs apparaissent, là où quelques années auparavant on ne savait même pas qu’ils existaient. »

Quels types de compétences privilégiez-vous ?

Se fixer uniquement sur des compétences tech n’est plus la priorité ultime. La tendance est d’effectuer une bascule interne sur ce que l’on appelle les soft skills. Au sein de ces soft skills, il en existe une qui est très importante, celle de passer de savoir-faire à savoir apprendre. Il y a quelques années, on recherchait lorsque l’on recrutait quelqu’un qui ait telle ou telle compétence pour être opérationnel dès le premier jour.

« Aujourd’hui, et à l’avenir, la vraie bonne stratégie est de choisir quelqu’un qui ne connaît pas nécessairement les rouages du poste, mais va savoir apprendre. C’est fondamental et cela constitue une vraie modification du marché du travail. »

Justement, quelles sont les qualités requises pour apprendre à apprendre ?

Je pense qu’il y a une grande part d’inné dans ces facultés-là. La qualité principale me semble de présenter de bonnes capacités d’adaptation à la base, et cela peut tout de même se travailler. On peut apprendre par exemple à être moins rétif au changement ou au risque, mais la première étape est d’en prendre conscience.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui arrive sur le marché du travail ?

J’en ai plusieurs et ils se retrouvent d’ailleurs dans les valeurs de Talentsoft, valeurs que nous ne nous contentons pas d’afficher, mais que nous véhiculons au quotidien : être audacieux, privilégier le travail d’équipe et la co-création, communiquer, créer en permanence les conditions pour avoir envie de se lever le matin et aller travailler…

Au sens plus général, étant donné que le monde du digital est un monde bouillonnant et foisonnant d’opportunités, avec plus de postes que de personnes pour les remplir, je conseillerai de choisir une opportunité et de forger un sillon pendant 2 à 3 ans. Il faut éviter l’éparpillement, qui est pourtant très tentant, et ne pas penser que l’herbe est forcément plus verte ailleurs. Le premier poste que l’on choisit est une occasion unique de créer une solidité, qui sera le point d’appui des prochaines années professionnelles. Une fois que l’on a construit cette solidité, les étapes d’après seront de développer ces fameuses soft skills pour être plus adaptable. La solidité permet de créer des bases saines pour construire la suite.

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